Politique en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion : recommandations de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Québec, le 28 janvier 2015 – Alors que le gouvernement du Québec mène une consultation sur sa nouvelle politique en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lui a présenté 23 recommandations qui traitent notamment de lutte au racisme et à la discrimination, de l’intégration en emploi des minorités racisées, d’institutions inclusives, de l’éducation aux droits et libertés, de la sélection des immigrants et du recours aux travailleurs étrangers temporaires peu spécialisés.
Dans son mémoire présenté aujourd’hui à la Commission des relations avec les citoyens à l’Assemblée nationale, la Commission a d’abord tenu à rappeler le contexte historique du racisme et de la discrimination au Québec afin de mieux expliquer pourquoi la discrimination persiste à l’endroit des minorités racisées jusqu’à aujourd’hui.
La Commission a également souligné que la nouvelle politique fait référence à l’adhésion des immigrants aux valeurs communes, mais sans les définir suffisamment. Celle-ci gagnerait plutôt à référer au respect des « valeurs démocratiques », telles qu’inscrites dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, lesquelles comprennent « le respect de la dignité inhérente de l’être humain, la promotion de la justice et de l’égalité sociales, l’acceptation d’une grande diversité de croyances, le respect de chaque culture et de chaque groupe et la foi dans les institutions sociales et politiques qui favorisent la participation des particuliers et des groupes dans la société ».
Discrimination en emploi
Les statistiques démontrent que le taux de chômage des personnes appartenant à une minorité racisée, qu’elles soient immigrantes ou nées ici, est au moins deux fois plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Celui des personnes immigrantes appartenant à une minorité visible, arrivées au Québec entre 2006 et 2011, l’est trois fois plus.
La Commission constate de nombreuses situations de discrimination en emploi envers les membres de minorités racisées. Les plaintes déposées à la Commission pour discrimination fondée sur les motifs « race, couleur, origine ethnique ou nationale » augmentent d’année en année. En 2013-2014, elles représentaient 26 % des dossiers ouverts à la Commission, dont 41,2 % étaient liés au secteur du travail.
De plus, une étude menée par la Commission en 2012 a démontré l’existence de discrimination dans le processus d’embauche. En effet, les résultats ont montré qu’avec des qualifications et un profil équivalents, le candidat ayant un nom à consonance franco-québécoise a au moins 60 % plus de chances d’être invité à un entretien d’embauche que le candidat ayant un nom à consonance africaine, latino-américaine ou arabe.
La Commission concluait cette enquête en recommandant au gouvernement d’adopter une politique globale de lutte contre le racisme et la discrimination en emploi et de mettre en place des programmes d’accès à l’égalité en emploi dans les entreprises privées et dans les organismes sans but lucratif. La nouvelle politique en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion devrait s’inspirer de ces recommandations.
L’éducation aux droits et libertés
La Commission a formulé plusieurs recommandations au gouvernement concernant l’éducation aux droits et libertés afin de sensibiliser ses employés, les enfants, les jeunes et la population à ces questions. Ainsi, la Commission recommande entre autres :
- que le gouvernement mette en place des formations aux droits et libertés offertes sur une base continue à l’ensemble de son personnel, en priorité aux hauts fonctionnaires, aux personnes en autorité et aux responsables des ressources humaines;
- que l’éducation aux droits de la personne soit introduite formellement à l’intérieur de la Loi sur l’instruction publique ;
- que soit offerte une formation continue qui permettra à tous les enseignants, au personnel éducatif ainsi qu’aux partenaires de l’école d’acquérir les connaissances, la compréhension, les qualifications, et les compétences qui faciliteront l’apprentissage et l’exercice des droits et libertés promus dans la Charte ;
- que le gouvernement incite les établissements collégiaux et universitaires à introduire des formations portant sur l’éducation aux droits et libertés.
Le Mémoire à la Commission des relations avec les citoyens de l’Assemblée nationale sur le document intitulé Vers une nouvelle politique québécoise en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion – Cahier de consultation est disponible à : www.cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/memoire_politique-immigration_rapport.pdf
Le résumé du mémoire est disponible à : www.cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/memoire_politique-immigration_resume.pdf.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la protection de l’intérêt de l’enfant, ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l’application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics.
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Source :
Meissoon Azzaria
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