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18 octobre 2022Déclarations

Les personnes immigrantes : une richesse qui participe au développement social, culturel, économique et identitaire du Québec

À l’aube d’une nouvelle législature, la Commission souhaite réitérer l’importance de reconnaitre la participation effective des Québécoises et Québécois issus de l’immigration à la société et leur détermination renouvelée à réussir leur parcours d’intégration et celui de leurs enfants.

Le 3 octobre dernier, à l’issue d’une campagne électorale qui a permis aux candidats et partis politiques de faire valoir leurs arguments et propositions, les Québécoises et Québécois ont été appelés à exercer leur droit de vote en vue d’élire démocratiquement un nouveau gouvernement.

À l’aube d’une nouvelle législature, la Commission souhaite réitérer l’importance de reconnaitre la participation effective des Québécoises et Québécois issus de l’immigration à notre société et leur détermination renouvelée à réussir leur parcours d’intégration et celui de leurs enfants. D’ailleurs, plusieurs études universitaires et rapports institutionnels en font état. L’immigration a été au cœur de plusieurs débats dans les derniers mois, il importe pour la Commission de contribuer à l’apaisement du débat public sur les questions qui s’y rapportent. Le phénomène de l’immigration et les enjeux qui y sont rattachés occupent une place grandissante et suscitent un intérêt toujours croissant au sein des États et le Québec n’en est pas exempt. Au-delà des enjeux en matière de politique d’accueil, ces questions concernent des personnes immigrantes qui portent un projet de vie en choisissant le Québec comme terre d’accueil. La Commission en appelle à la responsabilité des différents acteurs de la société.

L’utilisation de plateformes publiques, y compris les réseaux sociaux, décuple l’effet des déclarations tenues. Un déni de reconnaissance envers les personnes issues de l’immigration peut entraîner des conséquences importantes et durables pour les personnes immigrantes du point de vue de leur sentiment d’appartenance à la société québécoise. La Commission désire sensibiliser toute personne qui s’exprime dans l’espace public à l’effet important que peuvent avoir des discours porteurs de préjugés et de stéréotypes. Insistons sur le fait qu’ils pourront susciter l’adhésion parmi une frange du public qui se sentira autorisé à les faire circuler, voire à les amplifier. Des Québécois et des Québécoises issus de l’immigration, ou perçus comme tels, pourraient ainsi être exposés à l’intolérance, à la xénophobie et au racisme. Il est donc impératif aux yeux de la Commission que le narratif sur l’immigration puisse s’élever.

En effet, ce type de discours apparaît contre-productif sur le vivre-ensemble de la société québécoise. Comment maintenir véritablement la cohésion sociale, si une part de la population du Québec a le sentiment d’être traitée comme des citoyens et des citoyennes de seconde zone en raison de discours porteurs d’exclusion à leur endroit?

Rappelons d’ailleurs que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec promeut un ensemble de valeurs démocratiques, dont la foi dans les institutions sociales et politiques qui favorisent la pleine et entière participation de tous et de toutes à la société. Ces valeurs démocratiques incluent aussi le respect de la dignité inhérente de l’être humain, la promotion de la justice et de l’égalité sociales, l’acceptation et le respect de la diversité sociodémographique du Québec. Or, au cours de la dernière décennie dans le discours public, le vocable des valeurs démocratiques a été largement éclipsé par le recours aux valeurs communes, dont le contenu et les contours peuvent être flous et variables, en plus de ne pas être nécessairement arrimés aux droits de la Charte québécoise.

Du point de vue de la Commission, promouvoir les valeurs démocratiques dans le discours public offrirait de meilleures garanties pour la protection des droits inscrits à la Charte québécoise et serait plus prometteur au regard de l’intégration des personnes immigrantes, dont le projet d’établissement au Québec constitue déjà un indice de leur adhésion à ces valeurs.

De plus, afin de favoriser la pleine intégration des personnes issues de l’immigration, la Commission estime nécessaire de rappeler les devoirs et responsabilités de l’État et de la société d’accueil qui sont toutefois demeurés largement méconnus au fil des ans. Par conséquent, ils n’ont pu être pleinement assumés, notamment au moment de fournir aux personnes immigrantes le soutien socioéconomique nécessaire lors de leur première insertion, de les appuyer devant les barrières institutionnelles qui les empêchent d’avoir un égal accès à l’emploi, au logement et à divers services publics ou privés, et de leur permettre « de participer à la définition des grandes orientations de notre société ». Aussi, les moyens n’ont pas toujours été à la hauteur pour faciliter la francisation des personnes immigrantes ne connaissant ou ne maîtrisant pas le français à leur arrivée (bien qu’une proportion importante maitrise et parle un français impeccable à leur arrivée). Dans ce contexte, la personne immigrante risque bien souvent de porter toute seule une grande part du fardeau de l’intégration.

Mieux assumer et mieux faire connaître ces devoirs et responsabilités signifierait par ailleurs de les arrimer aux principes énoncés dans la Charte québécoise, dont le droit à l’égalité sans discrimination dans tous les secteurs de la société. Le respect du nouveau droit de vivre en français, que le gouvernement a ajouté à la Charte en 2022, devrait imposer de manière cohérente une obligation pour l’État de faciliter l’exercice de ce droit pour toutes les personnes, y compris les personnes issues de l’immigration, en mettant en œuvre des moyens et en consacrant des ressources à la francisation à la hauteur réelle des besoins.

L’histoire du Québec est marquée par l’arrivée successive de plusieurs vagues migratoires. Rappelons l’histoire de ces nombreuses Québécoises et ces nombreux Québécois venus d’ailleurs dans les années 60 qui ont apporté une contribution significative à l’édification de l’État moderne du Québec alors que la société était en pleine révolution tranquille. L’avenir du Québec est nécessairement lié à celui des personnes immigrantes. Le Québec s’est d’ailleurs dit, à plus d’une reprise, convaincu que l’immigration était un véritable apport entre autres par sa contribution au renforcement du fait français. D’ailleurs, depuis l’adoption de sa politique en matière d’immigration au début des années 1990, le Québec met l’emphase sur les contributions démographique et économique de l’immigration. L’immigration est en ce sens un projet global qui contribue au développement social, culturel, économique et identitaire du Québec. L’ouverture d’une grande majorité de Québécoises et de Québécois témoigne de leur adhésion à ce principe.

Assurons-nous de créer les conditions gagnantes pour les personnes immigrantes, tant dans les mesures gouvernementales d’accueil, que dans la manière de se représenter nos concitoyennes et concitoyens.